Sommet du G5 Sahel

Le rendez-vous manqué avec l'histoire

Un affront sur leur propre terre. C’est ainsi qu’il faut peut-être qualifier la déclaration du tout nouveau président français, Emmanuel Macron, à l’endroit des chefs d’Etat de la zone CFA lors du sommet du G5 Sahel en terre africaine le 2 juillet 2017. Celui-ci n’a pas hésité à humilier les chefs d’Etats de la zone FCFA
lors de cette rencontre de haut niveau. En effet, dans la capitale malienne, le président Macron a tenu à mettre en garde les pays africains qui avaient des velléités de quitter le franc CFA. «Si on se sent pas heureux dans la zone franc, on la quitte et on crée sa propre monnaie comme l’ont fait la Mauritanie et le Madagascar », a-t-il déclaré. De son avis, au lieu de passer le temps à alimenter des polémiques inutiles autour du franc CFA, ces pays gagneraient plutôt à poser des actes concrets. Si la deuxième partie de la déclaration de Macron s’avère être une vérité, ses propos sont cependant un affront fait aux chefs d’Etats. 

Une manière pour lui de remettre en cause non seulement leur responsabilité et leur maturité mais aussi de dénoncer la gouvernance d’une manière quasi générale en s’appuyant sur la question de la monnaie commune. Sauf que les chefs d’Etat présents n’ont pas su saisir la balle au rebond en dénonçant la manière dont la France suce leurs pays à travers le franc CFA pour ensuite décider d’un retrait collectif de ce carré mortel. Ont-ils autant peur de la France ou craignent-ils pour leurs fauteuils? Alors que le président tchadien, Idriss Déby Itno déclarait dans une interview accordée à RFI, TV5 et au journal Le Monde qu’il y a nécessité pour les 14 pays ayant le FCFA en commun de le renégocier «pour que cette monnaie devienne une monnaie de ces pays », lui et ses pairs ont spectaculairement manqué la belle occasion de poser leur revendication. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait en tant que dirigeants de pays souverains? 

Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, dans cette même logique avait évoqué la nécessité de rompre avec le FCFA lors du 5^ème Forum international Afrique développement, à Casablanca au Maroc les 16 et 17 mars 2017. Pourquoi n’a-t-il pas réédité son souhait à Bamako devant Macron ? Quand est-ce nos dirigeants vont-ils sortir de leurs torpeurs pour s’assumer et propulser une vraie souveraineté de nos pays ? La rencontre de Bamako était l’occasion pour eux de se rattraper de toutes leurs erreurs passées mais hélas. Ils ont manqué une fois le rendez-vous avec l’histoire.

@Sambas